Protocole Carabes – Amélioration des connaissances sur la fonctionnalité et la biodiversité des haies

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Véritables « solutions fondées sur la nature », les haies sont des éléments importants de nos paysages grâce à leurs nombreux bienfaits écologiques, agricoles et socio-économiques. Toutefois, elles peuvent être encore aujourd’hui mal connues… A ce jour, peu d’études permettent de caractériser les haies de notre territoire, leur fonctionnalité et leur biodiversité associée. Ainsi, les Fédérations des Chasseurs locales souhaitent développer leurs connaissances sur le bocage dans la région : état du bocage, typologie et gestion des haies, biodiversité associée, etc…, afin de dégager des préconisations en terme de gestion et d’aménagements du territoire.

Pour répondre à ses besoins, la FRC AuRA a souhaité s’inspirer d’un projet mené par la FDC des Côtes d’Armor en étroite coopération avec des chercheurs, notamment l’INRAE. Cette étude a permis de développer des outils pour évaluer le potentiel d’accueil de la biodiversité du bocage graĉe à l’étude des carabes par la FDC 22 puis l’avifaune par la FDC du Gers. L’un concerne l’état des haies et le second l’état du réseau de haies. Le deuxième critère s’appuie sur la modélisation des effets microclimatiques des haies, appelé “grain bocager“. Il traduit l’influence de la haie sur la parcelle. Cette influence est déterminée par la taille de la parcelle, sa forme et le volume et la surface d’emprise des haies (éléments boisés) périphériques. Cet outil a été développé par les chercheurs de l’INRAE Bagap de Rennes. Un grain fin (bleu et vert sur la carte) traduit une forte influence des éléments boisés sur les parcelles : réseau bocager dense et fonctionnel, parcelles de moyenne ou petite surface… Au contraire, un grain grossier (jaune et transparent sur la carte) traduit des milieux ouverts : peu de haies, parcelles de grandes surfaces… La qualité du grain permet de donner des indications sur la structuration du paysage, la qualité fonctionnelle des corridors et la biodiversité potentiellement associée.

 

 

La FRC AuRA reproduit cette étude sur les carabes en Auvergne Rhône Alpes en 2023. Les carabes sont des insectes communs des paysages agricoles et bocagers. Il en existe près de 1 000 espèces en France, certaines sont noires, d’autres sont colorées et leur taille varie du millimètre à plusieurs centimètres. Prédateurs de nombreux ravageurs de cultures, en particulier des pucerons, ils constituent également une ressource alimentaire pour les oiseaux et les petits mammifères. Ce sont des bio-indicateurs reconnus pour déterminer la qualité d’un milieu et de la structure du paysage. Une espèce bio-indicatrice est une espèce dont la présence, l’absence ou l’état renseigne sur les caractéristiques d’un écosystème ou permet d’en évaluer les altérations. Ainsi, l’abondance et la proportion de carabes forestiers et carabes de milieux ouverts permettra de conclure sur la fonctionnalité et la qualité du maillage bocager dans l’Allier.

L’objectif est de comparer les résultats obtenus en Bretagne et dans le Gers avec les nouvelles données acquises en AuRA afin de distinguer des similitudes et des fluctuations, puis de mieux comprendre la fonctionnalité du maillage bocager d’après divers facteurs. Les résultats obtenus permettront d’affiner la modélisation du grain bocager sur son territoire afin d’obtenir une cartographie la plus représentative possible de la structure bocage.

Dans un premier temps, la FDC de l’Allier s’est porté volontaire afin de tester les protocoles pour percevoir l’ampleur de l’expérimentation et la déployer de manière plus importante l’année suivanteavec l’aide d’autres fédérations des chasseurs. Pour cet inventaire, 8 haies ont été sélectionnées dans les communes de Lusigny, Montbeugny et Vaumas, en répondant à deux critères. Dans chacune des haies, des captures par piégeage de carabes sont réalisées avec des pièges type Barber. Ce dispositif passif, est composé d’un récipient à bord lisse enfoncé dans le sol. L’objectif est d’intercepter les carabes se déplaçant au sol au gré de leurs déplacements naturels. Les pièges sont activés durant trois périodes de 7 jours, fin avril, fin mai et fin juin 2023. Une fois les pièges récupérés, les carabes sont triés puis déterminés à l’espèce.

La structure du paysage influençant la densité et la diversité des espèces, cela permettra de conclure sur la qualité des haies et du maillage bocager une fois l’ensemble des données analysées. Ce type d’études pourrait à terme donner lieu à des zones de priorisation et des zones à enjeux, notamment en termes d’espèces, pour la réimplantation de haies. La caractérisation des zones les plus favorables à la biodiversité a pour but d’inciter les élus et les gestionnaires à porter attention à leur conservation, tandis que l’identification des zones moins favorables permettra d’inciter à leur aménagement.

 

Ce projet est entièrement financé par les fonds éco-contribution géré par l’Office français de la biodiversité et la Fédération Nationale des Chasseurs.